“Tina Modotti. L’œil de la Révolution” : l’œuvre de la photographe s’expose au Jeu de Paume
Le Jeu de Paume rend hommage à Tina Modotti (1896-1942) à travers une grande exposition, la plus importante jamais consacrée à Paris à cette photographe et activiste politique d’origine italienne.
Le parcours exceptionnel de Tina Modotti n’a jamais cessé de fasciner : essentiellement produite entre 1923 et 1930, son œuvre frappe par son caractère fulgurant. C’est au sein du Mexique post-révolutionnaire que se forgent tant sa conscience politique que le style particulier, à la fois sensible et critique, avec lequel elle saisit sur le vif les mouvements sociaux et les inégalités sans jamais négliger l’aspect esthétique de la photographie.
L’exposition rassemble près de 240 tirages mais aussi des documents d’archives et revues d’époque issus de prêts de musées internationaux et de collections privées. L’exposition retrace la carrière unique de cette photographe et militante révolutionnaire, amie et interlocutrice de peintres tels Diego Rivera et Frida Kahlo.
“Je ne cherche pas à produire de l’art mais des photographies honnêtes, sans avoir recours à des truquages ou à des artifices, alors que la majorité des photographes continuent à rechercher des effets artistiques ou à imiter d’autres expressions plastiques. Cela donne un produit hybride, qui ne nous permet pas de distinguer dans l’œuvre sa caractéristique la plus significative : sa qualité photographique.”
Tina Modotti, Sobre la fotografía [Sur la photographie], in Mexican Folkways, vol. 5, no 4, oct.-déc. 1929
À propos de Tina Modotti
La vie de Tina Modotti (Udine, Italie, 1896 – Mexico, 1942) a été marquée par quelques-uns des événements historiques les plus importants de la première moitié du XXe siècle : l’émigration économique des Européens vers l’Amérique, la naissance du cinéma muet sur la côte ouest des États-Unis, les mouvements agraires post-révolutionnaires au Mexique, l’essor du muralisme politique, la revendication de la culture indigène mexicaine, l’émancipation des femmes dans la sphère publique, l’opposition entre staliniens et trotskistes après la révolution russe de 1917 et la guerre civile espagnole.
Elle fait partie d’une génération de femmes qui a apporté une contribution majeure à la photographie des années 1920 et a exercé une grande influence sur la photographie mexicaine ultérieure, de Manuel Álvarez Bravo à Graciela Iturbide. Modotti s’est initiée à la pratique de la photographie grâce à Edward Weston ; toutefois, son œuvre, qui développe une vision très personnelle, dépasse l’enseignement formaliste de ce dernier. Après son émigration économique depuis la ville italienne d’Udine jusqu’à San Francisco et Los Angeles, Modotti part pour le Mexique, où elle participe à la « renaissance mexicaine » et à l’effervescence culturelle post-révolutionnaire. Intégrée au cercle des artistes et des muralistes établis sur place, elle allie rapidement une « photographie incarnée » au formalisme de Weston. Militante du Parti communiste mexicain (PCM) dès 1927, elle dénonce la condition des démunis avec son appareil photo, insistant notamment sur la construction d’un nouvel imaginaire autour des femmes mexicaines.
En 1930, Modotti est expulsée du Mexique en raison de son engagement communiste. Elle vit alors pendant plusieurs années en Union soviétique, où son militantisme photographique se transforme en activisme. Au milieu des années 1930, le Parti communiste soviétique l’envoie en Espagne. Durant la guerre civile, elle organise l’évacuation des « enfants de la guerre », coordonne la gestion des hôpitaux militaires et mène à bien les missions relatives à la propagande. À la suite de la défaite des républicains en 1939, elle traverse les Pyrénées aux côtés de milliers d’exilés. Épuisée et désillusionnée par l’issue de la guerre d’Espagne, elle doit à nouveau quitter l’Europe. Elle décède en 1942 dans la ville de Mexico.
Une exposition produite par la Fundación MAPFRE, en collaboration avec le Jeu de Paume.
Commissariat : Isabel Tejeda, assistée d’Eva M. Vives Jiménez.
Scénographie : Agence NC.
En partenariat avec la RATP et l’Istituto Italiano di Cultura di Parigi.
[Source : communiqué de presse]
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